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Des silos à l’entrepôt 5.0, retour sur l’évolution des entrepôts

Le secteur de l’entreposage et de la logistique en France représentait en 2018 un chiffre d’affaires net de 5,5 milliards d’euros[1] et comptait près de 29 000 salariés en équivalent temps plein[2]. Mais comment l’entrepôt, lieu incontournable du transport et de la logistique, a pu devenir aussi massif ? De l’Égypte antique aux entrepôts 5.0, suivons l’évolution de l’entrepôt au cours du temps.

L’entreposage, une histoire qui ne date pas d’hier !

Dès l’Égypte antique, on observe des solutions de transport et de stockage des denrées alimentaires tels que les silos, le stockage souterrain, les greniers ou les récipients[3]. Par la suite l’Empire romain, entre 27 av. J.-C. et 476 après J.-C, développe un réseau routier d’envergure facilitant le transport des marchandises le long des routes commerciales[4]. L’histoire de la logistique remonte donc à loin…

Avançons un peu dans le temps pour nous retrouver au XVIIIe siècle en plein cœur de la révolution industrielle. Cet âge d’or du commerce voit une accélération considérable des échanges avec l’apparition notamment de la machine à vapeur, puis le bateau à vapeur, mais aussi des chemins de fer au XIXe siècle.

En parallèle de cet essor technologique, le premier entrepôt dock apparaît au début du XVIIIe siècle en Angleterre à Liverpool. Mais c’est de Londres que proviendra une révolution notable : centraliser en un seul et même endroit le débarquement, l’embarquement et l’entreposage des marchandises[5].

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Petite histoire de l’entrepôt au XXe siècle

Malgré ces inventions essentielles qui ont posé les bases de l’industrialisation et de la logistique, c’est surtout depuis le XXe siècle et le début du XXIe siècle que les entrepôts connaissent une évolution rapide. Chaque décennie va ainsi apporter son lot d’innovations.

Années 1950 & 1960 : Réussir à répondre au besoin de consommer

Après-guerre, une envie de consommer et de profiter de la vie s’empare de la population. Les entreprises doivent s’adapter rapidement et en 1950 sont créés en France les magasins généraux. Il s’agit de petites structures d’entreposage utilisées notamment par Félix Potin[6].

Dans les années suivantes, la palette en bois est normalisée au niveau européen. Ceci permet un stockage plus rapide et plus facile des marchandises au sein des bâtiments de stockage. Les pelletiers et les chariots élévateurs font alors leur apparition, puis les appareils électriques pour accompagner le développement en hauteur des entrepôts.

Années 1970 et 1980 : Apprendre à rationaliser le secteur

L’Hexagone subit de plein fouet une crise économique. Les Français deviennent alors plus exigeants et les professionnels doivent réussir à réduire les coûts tout en continuant à satisfaire leurs clients[7]. Le secteur doit alors se structurer et diversifier son offre commerciale.

L’invention du code-barres dans les années 1980 tombe alors à point nommé pour accélérer les tâches logistiques. Ainsi, La Redoute peut inventer en 1984 la livraison garantie en 48h chrono qui sera suivie la décennie suivante de la livraison garantie en 24h chrono[8].

Années 1990 et 2000 : Digitaliser les opérations logistiques

Durant les années 1990, les choses s’accélèrent et les flux sont massivement augmentés. Les surfaces de stockage atteignent alors jusqu’à 5 niveaux pour 30 000 ㎡[9].  La digitalisation se fait de plus en plus présente avec les données fournies en temps réel aux WMS et l’essor du e-commerce.

La technologie continue ses progrès impressionnants et impacte nécessairement les entrepôts. Émerge alors l’entrepôt 4.0 sous ligne de l’IoT et du RPA. Les préparations de commandes sont robotisées, et le pick to light, le voice picking[10] et même les exosquelettes[11] intègrent peu à peu les entrepôts.

Le futur de l’entrepôt : L’humain d’abord ?

Si les dernières décennies ont surtout vu un accroissement de l’efficacité et une attention portée sur la rapidité des tâches et la rentabilité, de quoi sera fait l’entrepôt de demain ? Selon l’Union européenne, l’entrepôt 5.0 sera avant tout plus humain[12].

Cette prise de conscience repose sur :

  • L’usage d’énergies renouvelables ;
  • La synergie humain-machine ;
  • Le respect des droits des travailleurs ;
  • La résilience face aux crises[13].

Et si finalement, on mettait enfin la logistique au service non seulement du consommateur, mais aussi de l’humain ?


[1] Statista, Les entrepôts et l’entreposage en France – Faits et chiffres, 2023
[2] Statista, Nombre de salariés en équivalent temps plein (ETP) du secteur de l’entreposage et du stockage en France en 2018, selon la tranche d’effectif salarié, 2024
[3] HAL, Tiphaine Dachy, Université de Toulouse II – Le Mirail, Réflexions sur le stockage alimentaire en Égypte, de la Préhistoire aux premières dynasties, 2019
[4] Mecalux, Histoire de la logistique : contexte, origine et évolution, site consulté en août 2024
[5] Seine-Saint-Denis Tourisme, Magasins Généraux : La fonction de stockage liée à l’industrie, site consulté en août 2024
[6] ibid
[7] Évolution des entrepôts : comment ils se sont transformés depuis les années 1970 à aujourd’hui ?, 2018
[8] ibid
[9] Manutan, Des magasins généraux à l’entrepôt 4.0 : petite histoire de la logistique, 2019
[10] Expert logistique, Qu’est-ce que le Voice Picking ?, 2023
[11] Enjeux logistiques, But Logistique adopte un exosquelette dans ses entrepôts pour soulager le port de charges, site consulté en août 2024
[12] European Union, Towards a sustainable, human-centric and resilient European industry, 2020
[13] Mecalux, Industrie 5.0 : plus humaine, plus durable et plus résiliente, 2021