Le 10 avril dernier, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a publié ses estimations concernant le commerce international. Malgré des tensions politiques et de nombreuses incertitudes, les chiffres démontrent une reprise, certes légère, du commerce mondial.
Des données positives pour le commerce international
En 2023, les échanges commerciaux internationaux se sont contractés de 1,2%. Différents facteurs expliquent cette baisse dont notamment le prix de l’énergie et l’inflation.
Cette année, les choses s’améliorent. En effet, la relance de la demande semble poindre tandis que les taux d’inflation devraient baisser selon différentes institutions, dont la Banque centrale européenne. L’OMC table désormais sur une croissance de 2,6% du volume de marchandises en 2024 et 3,3% en 2025.
Prudence, tout n’est pas parfait sachant que les échanges de biens intermédiaires, qui fournissent une indication sur l’état des chaînes de valeur mondiales, ont diminué quant à eux de 6%. Cependant, le constat global est bien à une reprise du commerce international. D’autant qu’en prenant un peu de recul, nous constatons que le commerce des marchandises a tout de même progressé de 19,1% entre
2015 et 2024.
Les chiffres clés de l’importation et de l’exportation
Afin de mieux appréhender la situation mondiale des échanges de marchandises, il est intéressant de consulter les chiffres liés aux importations et exportations.
Une croissance hétérogène des exportations
Au niveau mondial, voici les taux de croissance des exportations des différentes zones économiques :
- Afrique : +5,3%
- Amérique du Nord : +3,6%
- Moyen-Orient : 3,5%
- Asie : 3,4%
- Amérique du Sud : +2,6%
- Europe : +1,7%
Si la tendance est à la croissance, nous pouvons noter la difficulté des pays européens à dynamiser leurs ventes à l’international.
Importations : L’Asie et l’Afrique en forte hausse
En ce qui concerne les importations, les estimations de l’OMC sont les suivantes :
- Asie : +5,6%
- Afrique : +4,4%
- Amérique du Sud : +2,7%
- Moyen-Orient : +1,2%
- Amérique du Nord : +1%
- Europe : +0,1%
- CEI : -3,8%
Si l’Afrique et l’Asie continuent de soutenir la demande de biens au niveau mondial, certaines zones comme l’Europe ou la CEI connaissent une baisse assez nette du volume de marchandises importées.
Encore des défis à relever pour le commerce mondial
La croissance est donc bien de retour, mais ne nous réjouissons pas trop vite ! En effet, de nombreuses incertitudes pèsent encore lourdement sur le commerce international. Pour l’instant, ce dernier a relativement bien résisté aux crises qui se sont succédées. Il est cependant nécessaire de rester prudents.
Les tensions géopolitiques
En facteurs négatifs, nous pouvons citer l’augmentation des tensions géopolitiques dont les répercussions sont parfois notables. La guerre en Ukraine, les perturbations du canal de Suez, la guerre entre Israël et le Hamas sont autant de facteurs de déstabilisation.
Ces tensions ont d’ailleurs entraîné des retards et des hausses des coûts du fret affectant certaines marchandises telles que les produits de l’industrie automobile, le commerce de détail et les engrais.
La fragmentation commerciale
L’autre facteur de risque est la fragmentation du commerce, fruit d’une volonté de protectionnisme qui semble s’étendre.
Certains chiffres tendent d’ailleurs à souligner cette tendance :
- Les importations américaines de services liées aux Technologies de l’information et la communication (TIC) en provenance de partenaires situés en Amérique du Nord sont passées de 15,7 à 23% en 2023.
- En parallèle, les importations du même secteur, mais en provenance de partenaires situés en Asie, sont passées de 45,1% à 32,6%, soit une diminution non négligeable.
Si les derniers chiffres de l’OMC peuvent nous rendre optimistes pour 2024 et 2025, il est nécessaire de rester attentifs quant à l’évolution des différentes crises politiques et à la fragmentation du commerce international. Les nombreuses élections qui doivent avoir lieu cette année pourraient jouer un rôle important sur l’évolution du commerce mondial de marchandises et plus largement sur la mondialisation.