Depuis le 1er janvier 2021, la zone de libre-échange africaine (ZLECAf) est pleinement opérationnelle. Ce marché unique permettra un échange plus efficace des biens et services fabriqués sur le continent. Au total, ce sont près de 90% des droits de douane qui seront progressivement éliminés. C’est donc une opportunité pour le développement des économies africaines, mais aussi pour le commerce mondial, qu’il est pertinent de décrypter.
Un projet visant à dynamiser la zone de commerce africaine
Cet accord de libre-échange est le fruit de longues négociations. Il devrait permettre au continent d’améliorer significativement sa compétitivité. L’Afrique représente un marché de 1,2 milliard de consommateurs. Combinés, les PIB des pays africains représentent près de 3 000 milliards de dollars. Il y a donc là une base solide pour l’industrialisation et un essor économique si la libéralisation de l’économie se poursuit.
L’élément clé est l’augmentation massive des échanges à l’échelle continentale. En effet, le marché interrégional représente 58% des exportations en Asie et 67% en Europe. En Afrique, il n’est que de 16% actuellement (le coût des échanges étant extrêmement élevé). Or, selon la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA), ce marché commun africain permettrait d’ici 2022 un accroissement des échanges intra-africains de 52%[1].
Selon la Banque Mondiale, la ZLECAf représente aussi une chance pour 30 millions de personnes de sortir de l’extrême pauvreté. De plus, près de 68 millions d’autres habitants du continent pourraient voir leur revenu augmenter[2].
Enfin, la simplification des échanges commerciaux permettrait de générer 292 milliards de dollars de revenus supplémentaires à l’échelle du continent.
Une meilleure intégration du continent au commerce international
En plus de créer un espace économique commun sur le continent, la ZLECAf permet à l’Afrique de réaliser une intégration plus profonde à la chaîne de valeur mondiale.
En effet, l’Afrique pourrait augmenter nettement ses exportations de l’ordre de 560 milliards de dollars. Bien que l’essentiel provienne du secteur manufacturier, la stimulation de l’économie locale pourrait accélérer le développement d’autres secteurs.
L’apparition de clusters de production régionaux et le développement des secteurs des services et des TIC entraineront sans doute une accélération de la croissance économique. D’autant que d’après la Banque Mondiale “ La population africaine en âge de travailler devrait augmenter de 450 millions de personnes, soit près de 70%, d’ici 2035.[3] ”
Les obstacles à surmonter pour garantir la réussite du marché unique en Afrique
Toutefois, les états-membres de cette coopération économique vont devoir surmonter les défis de l’intégration africaine.
Pour commencer, le continent possède de multiples zones économiques. Une harmonisation des taux et des règles douanières est donc nécessaire. Il existe aussi des obstacles non-tarifaires, comme les formalités administratives et les procédures de dédouanement, qu’il faudra lever. Aujourd’hui le délai de dédouanement des marchandises est de 30 jours en Afrique contre 10 jours dans l’Union européenne !
Ensuite, chaque pays devra désormais tenter de faire passer les intérêts du continent avant les intérêts nationaux afin de faire fonctionner au mieux cette zone de libre-échange. Or, la complexité vient de la présence d’économies hétérogènes et d’un problème de diversification des activités de certains pays. Par ailleurs, 16 pays n’ont pas accès à la mer. Ces derniers devront donc pouvoir bénéficier d’aménagements commerciaux spécifiques.
Enfin, les économies du continent devront se protéger des appétits des grandes puissances qui pourraient venir concurrencer des industries naissantes, notamment via des exportations massives vers l’Afrique. Par conséquent, la ZLECAf devra envisager de protéger ses secteurs stratégiques pour garantir sa compétitivité.
Si l’intégration africaine est un succès, le développement du commerce intra-africain connaîtra un essor très important. Celui-ci pourrait s’avérer être un pas décisif vers une réelle unité africaine. Cette dernière devrait permettre au continent de devenir un acteur majeur de la politique et de l’économie mondiale.
[1] https://www.s-ge.com/fr/article/actualites/20193-c5-afrique-accord-de-libre-echange-zlecaf
[2] https://www.banquemondiale.org/fr/topic/trade/publication/the-african-continental-free-trade-area#data
[3] https://www.worldbank.org/en/topic/competitiveness/publication/creating-jobs-for-africas-growing-population