Certaines entreprises souhaitent bousculer un secteur traditionnel, celui du transport de marchandises par voie maritime. Leur proposition ? Transporter les marchandises à la voile ! Quelles sont ces différentes initiatives ? Peuvent-elles réellement relever les défis qu’elles se font fixées ?
Pourquoi développer le transport maritime par voile ?
Avec approximativement 100 000 porte-conteneurs en activité, le secteur du transport par voie maritime représente 80% du volume de marchandises du commerce international. Certes, il ne représente que 3% des émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport, mais ce taux pourrait atteindre 17% d’ici 2050.
Il faut donc agir en développant des solutions nouvelles. C’est ici qu’intervient le transport de marchandises par voilier.
Cette nouvelle approche présente en effet de sérieux atouts :
- Réduction de l’impact environnemental (baisse des émissions de CO2, de soufre, d’oxydes d’azote, aucune émission de méthane et de particules fines)
- Diminution de l’impact sur la biodiversité (moins de nuisances sonores, risques de fuites de pétrole amoindris)
- Fonctionnement basé sur des ressources inépuisables
- Réduction du coût de transport du fait des quotas carbone
Convaincu·e ? Découvrons maintenant certaines initiatives prometteuses de ce secteur émergent.
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Les initiatives fleurissent et les résultats sont éloquents
Plusieurs solutions existent déjà pour faire du transport par voile une réalité. Nous pouvons notamment citer Grain de Sail, Towt ainsi que Bourlingue & Pacotille.
Grain de Sail
L’entreprise Grain de Sail souhaite diminuer l’impact environnemental du transport de certaines marchandises dont le chocolat, le café et le vin. Leur projet avance bien, car le 15 mars dernier, le second cargo à voile de cette entreprise bretonne a quitté le port de Saint-Malo.
Lors de ce trajet vers les États-Unis, le cargo transportera des vins, du champagne, mais aussi des parfums. Au retour, ils ramèneront en France du café et du cacao. Si le trajet dure 15 jours, la simplicité des processus de chargement et de déchargement rend le transport de marchandises via Grain de Sail plus rapide que des cargos classiques.
À terme, l’entreprise a pour objectif de réaliser cinq rotations par an. L’impact sur les émissions de CO2 sera très important, car le navire ne consomme qu’un mètre cube de fuel pour deux mois passés en mer !
Towt
Avec des arrivées et des départs du Havre, Towt envisage dès 2024 de transporter pas moins de 18 000 tonnes par an de marchandises par voilier. Alors qu’un cargo moyen de 2750 EVP produit 20g CO2/t/km, un voilier Towt n’en produira que 2g…
C’est les 10 et 11 mars derniers que les deux mâts du premier navire, l’Anemos, ont été gréés à Concarneau. Avec ses 81 m de long et ses 3000m2 de voilure, il emportera à terme lors de chaque rotation 1000 tonnes de fret tout en réduisant de 90% les émissions de CO2.
D’ici 2027, l’entreprise prévoit l’exploitation de huit voiliers. Au programme : 9 traversées entre les ports du Havre et de New York en 2024, puis 55 dès l’an prochain.
Bourlingue & Pacotille
Le 14 mars au matin, un voilier a quitté le port de Bastia, direction Marseille. À son bord, des pomelos et du vin corse. L’idée est de proposer une alternative crédible au transport traditionnel.
Bourlingue & Pacotille est avant tout une coopérative. Pour atteindre son objectif, elle peut compter sur le prêt de voiliers inutilisés, fait intervenir des bénévoles, mais elle est aussi en train de rénover un voilier cargo. Nommé le Bourlingue, il affichera une capacité de transport de 25 tonnes. Toutefois, ce projet coûteux de près de 600 000 euros nécessite l’investissement de sociétaires qui rejoignent l’aventure.
Au cours des prochaines années, ce collectif espère lier différentes îles en Méditerranée pour faciliter le transport de denrées alimentaires tout en réduisant l’impact environnemental des traversées. Ces trois initiatives dessinent le futur du transport maritime. Aux côtés de la numérisation, de la blockchain ou de l’automatisation, le transport par voile commence à se faire une place parmi les projets essentiels du commerce international de demain.
