Les répercussions du conflit entre Israël et le Hamas ne cessent de s’amplifier. En mer rouge, le commerce international est désormais compromis par les actions des Houthis dans la zone. Pour mieux comprendre la situation, étudions le contexte et les conséquences des attaques répétées contre les navires qui circulent dans la région.
La multiplication des tensions en mer rouge
En riposte à l’opération menée par Israël dans la bande de Gaza suite à l’attaque terroriste du 7 octobre 2023, les Houthis ont décidé d’attaquer massivement les navires en mer rouge.
Selon les informations transmises par le Pentagone, plus de 100 attaques ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays ont été recensées. Les marines américaines, françaises et britanniques sont présentes dans la région. Ces forces ont intercepté de nombreux drones envoyés par les Houthis contre des navires de commerce.
Les dangers sont réels pour les professionnels du secteur maritime, car en novembre dernier les Houthis ont pris d’assaut le navire Galaxy Leader et pris en otage les 25 membres d’équipage qui sont actuellement toujours retenus au Yémen. Plus récemment, un porte-conteneurs, le MSC Palatium III, a été touché par un missile. Heureusement, aucun membre d’équipage n’a été blessé lors de cette attaque.
Des conséquences importantes pour le commerce international
Le commerce est touché de plein fouet par cette situation, car le canal de Suez est un lieu incontournable par lequel transite 30% du trafic de porte-conteneurs et 12% du commerce mondial. Cela représente 20 000 navires chaque année, soit en moyenne plus d’une cinquantaine par jour.
Or, les routes maritimes menant au canal de Suez et passant par le détroit d’Ormuz et le détroit de Bab El-Mandeb deviennent impraticables pour les navires de commerce. C’est la raison pour laquelle les leaders mondiaux du fret maritime Maersk, Hapag-Lloyd et CMA-CGM et MSC ont décidé de détourner leurs navires.
Pour préserver la sécurité du personnel et de la flotte commerciale, les navires doivent dorénavant emprunter le Cap de bonne espérance, situé à la pointe sud de l’Afrique. Toutefois, cela rallonge le trajet de près de 10 jours. Un trajet Rotterdam – Singapour par exemple voit ainsi sa longueur augmenter de 40% pour passer de 15 550 km à 21 700 km.
Les conséquences sont donc massives. Des retards sont à prévoir qui vont ensuite impacter l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des matières premières ou du pétrole. Nous pourrons aussi très certainement observer un accroissement du coût du fret.
La réponse internationale suffira-t-elle ?
Pour faire face à ce défi, les États-Unis ont voulu mettre en place une opération de sécurisation du trafic maritime coordonnée par la force opérationnelle combinée 153 (CFT 150) dont l’objectif initial est de lutter contre la piraterie maritime dans la mer rouge, le détroit de Bab El-Mandeb et le Golfe d’Aden.
Si 10 pays, dont la France, ont répondu positivement à cette initiative nommée Prosperity Guardian, d’autres pays comme l’Arabie Saoudite tentent de freiner le processus. En effet, les autorités saoudiennes craignent l’impact de l’opération sur leurs relations avec les Houthis et l’Iran.
Ajoutons qu’il sera délicat de lutter contre l’arsenal important des Houthis qui intègre notamment des drones, des missiles, des mines anti-navires, des navires et des hélicoptères. D’autant que les Houthis ont les capacités pour mener des opérations coordonnées.
Il est par conséquent difficile de dire comment la situation évoluera dans un avenir proche. Les pourparlers n’ont pour l’instant rien donné et un haut responsable des Houthis, Mohammed Al-Bukhaiti, a déclaré que leurs opérations militaires ne s’arrêteront pas. Ce dernier a d’ailleurs ajouté que tout navire provenant d’un pays qui agirait contre les Houthis serait pris pour cible.
Nous ne pouvons qu’attendre le début d’année pour évaluer la situation. Si ces tensions venaient à persister, voire à s’envenimer, l’impact serait notable sur le fret international et par extension sur le prix des produits pour les consommateurs.