La transition écologique est sur toutes les lèvres. Les politiques, les entreprises, les citoyens, tous œuvrent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Or, dans cette quête, le transport maritime mondial a un rôle essentiel à jouer. En effet, les 50 000 navires-marchands présents sur les océans et assurant plus de 90% du transport de marchandises sont responsables de 3% du réchauffement climatique. Cela représente 1 milliard de tonnes de CO2 rejeté dans l’atmosphère chaque année.
One Ocean Summit : Objectif zéro-émission
Les forces se mobilisent pour tenter de trouver des solutions pertinentes et durables. Ainsi, le 11 février dernier s’est déroulé à Brest l’évènement One Ocean Summit. Un label Green Marine Europe a d’ailleurs été lancé pour l’occasion et repose sur plusieurs critères[1] :
- Le bruit sous-marin
- Les émissions atmosphériques polluantes
- Les émissions de gaz à effet de serre
- Les espèces aquatiques invasives
- La gestion des matières résiduelles
- Les rejets huileux
- Le recyclage des navires
Vingt-deux armateurs européens ont répondu positivement en faveur de cette initiative. De plus, les armateurs MAERSK, MSC, CMA-CGM et Hapag Lloyd ont d’ailleurs réaffirmé leur engagement envers la décarbonation du transport de marchandises.
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L’ambition du projet Energy Observer
C’est lors de cet événement que Victorien Erussard a pu présenter le navire Energy Observer 2. Ce dernier est l’évolution du navire-laboratoire Energy Observer. Ce projet lancé en 2017 a vu la construction d’un navire zéro émission fonctionnant à l’hydrogène et aux énergies renouvelables. L’idée était alors de faire le tour du monde pour démontrer la pertinence de cette proposition, mais la crise de la Covid-19 a eu raison de cet objectif.
Cependant, l’équipe a poursuivi ses efforts et a présenté lors du One Ocean Summit l’Energy Observer 2. Ce dernier fonctionne à l’hydrogène liquide. En parallèle, la présence de 4 mâts assure une propulsion vélique. Concrètement, ce navire de 120 mètres de long possédera une autonomie de trente jours en mer ainsi qu’une capacité de transport de fret de 5000 tonnes. Il devrait être construit en 2023 et prendre la mer dès 2025 !
De nombreuses innovations dans la construction de navires
Ces innovations vertes sont encourageantes. Mais quelles sont les alternatives actuelles aux énergies fossiles mises en place par les professionnels du secteur ?
Pour l’instant, plusieurs navires fonctionnent au GNL (gaz naturel liquéfié). Efficace, ce carburant permet de réduire de 90% les émissions de particules fines et de 25% les émissions de CO2. CMA-CGM possède d’ailleurs vingt-quatre navires fonctionnant au GNL et portera ce nombre à quarante-quatre d’ici 2024.
Dans cette recherche du navire autonome en énergie, différentes solutions sont envisagées, mais les inconvénients sont pour l’instant nombreux. Ainsi, la Norvège va tester d’ici 2024 un navire possédant une pile à combustible à l’ammoniac[2]. Toutefois, ce dernier est dangereux, car explosif.
Le biométhane est aussi envisagé par certains armateurs tels que CMA-CGM qui compte alimenter deux porte-conteneurs de 1400 EVP pendant un an[3]. Cependant, les capacités de production de biométhane sont limitées.
Enfin, il y a la solution de la propulsion électrique. Néanmoins, ces batteries sont trois fois plus coûteuses que pour les voitures[4]. Elles sont surtout utilisées pour des trajets de courte distance réalisés par des ferries comme la traversée de l’Øresund entre le Danemark et la Norvège[5]. Notons toutefois l’existence du porte-conteneurs électrique Yara-Birkeland, capable de transporter jusqu’à 120 conteneurs[6].
Les énergies du futur : un optimisme pragmatique
Les innovations constantes dans le domaine des énergies et des matériaux nous encouragent à imaginer l’émergence prochaine du premier navire de transport maritime 100% énergie verte. Chaque année, différentes entreprises repoussent les limites du possible et nous ne pouvons que nous enthousiasmer pour ces évolutions aussi surprenantes que nécessaire.
[3] Le journal de la Marine marchande
[6] Le Figaro