Le 20 janvier 2025, Donald Trump deviendra officiellement le 47e Président des États-Unis. Ce dernier envisage de rompre avec le libéralisme économique et opter pour une politique protectionniste. Nous revenons ce mois-ci sur les mesures envisagées et leurs éventuelles conséquences sur le commerce mondial.
La vision du nouveau Président américain
Suite à l’élection du nouveau président américain, le commerce mondial construit autour d’institutions économiques internationales telles que l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et la “ clause de la nation la plus favorisée[1] ” risque de basculer vers un modèle basé sur une vision plus agressive du commerce international.
Les mesures protectionnistes que souhaite mettre en place Donald Trump en dessinent les contours :
- Droits de douane universels de 10 à 20% ;
- 60% de taxation sur les importations chinoises ;
- 100% de taxes sur les acteurs abandonnant le dollar ;
- 100 à 200% de taxation commerciale sur les importations des entreprises américaines ayant délocalisé à l’étranger ;
- 200% de taxes sur les importations de véhicules électriques produites au Mexique par des entreprises chinoises.
À ceci s’ajoute le Reciprocal Trade Act qui vise à aligner les droits de douane américains sur ceux imposés par des pays tiers sur les exportations américaines.
Pour Donald Trump, les droits de douane sont tout à la fois un moyen de préserver l’industrie américaine, de rééquilibrer la balance commerciale, mais aussi de financer la dépense publique.
Il envisage notamment de remplacer les 2600 milliards de dollars perçus dans le cadre de l’impôt fédéral par les recettes douanières. Toutefois, les projections montrent qu’avec un droit de douane à 20%, les recettes fiscales atteindraient au mieux les 480 milliards de dollars.
Quelles conséquences devons-nous envisager ?
Les alliés ne seront pas épargnés, car l’élection de la nouvelle administration américaine signe la fin de l’entente entre les États-Unis et l’Union européenne qui a marqué l’ère Biden. Pour se préparer à toute éventualité, l’Europe a d’ailleurs mis en place une équipe, la “ Trump task force ” afin de défendre les intérêts européens.
La Chine sera cependant la plus touchée, car avec des droits de douane à 60%, les entreprises chinoises ne pourront pas absorber le coût des sanctions en réduisant leurs marges comme elles l’avaient fait durant le précédent mandat de Donald Trump.
Nous pouvons donc envisager une chute massive des exportations chinoises vers les États-Unis. Cette difficulté va s’ajouter pour le pays à une croissance atone, un secteur immobilier en train de s’effondrer et un bas niveau de consommation des ménages.
Face à cette situation, la Chine pourrait limiter l’exportation de matériaux cruciaux vers les États-Unis et initier des procédures auprès de l’OMC. Bien que ces tensions pourraient bouleverser toutes les chaînes de valeur, cela pourrait aussi encourager l’Europe et la Chine à mettre de côté leurs divergences afin de trouver des solutions mutuellement profitables.
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Vers une réorganisation des flux du commerce mondial
Cette guerre commerciale entre les deux premières puissances mondiales va occasionner une contraction du commerce mondial de 3,3% selon le CEPII (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales).
De manière paradoxale, les perdants de cet affrontement seront finalement les États-Unis et la Chine, comme le démontrent les projections du CEPII :
- Diminution des exportations chinoises vers les États-Unis de 80,5% ;
- Réduction des exportations américaines vers la Chine de 58% ;
- Les deux puissances perdront 1,5 point de PIB d’ici 2030 ;
- Le salaire des travailleurs non qualifiés américains diminuera de 0,9% et celui des travailleurs qualifiés de 1,6% ;
- La Chine devra rediriger sa surproduction vers l’Europe, le Japon, la Russie ou l’Inde.
Au contraire, le grand gagnant pourrait être le Mexique qui verrait son PIB augmenter de 6% d’ici 2030, car le pays deviendrait une plateforme de transit. Les salaires mexicains pourraient d’ailleurs progresser de 5%.
D’autres puissances comme la France, l’Allemagne ou le Japon seront finalement peu impactées par cette guerre commerciale, car la baisse des exportations entraînera une redirection d’une partie de la production vers la consommation intérieure.
La France verra ses exportations baisser de 0,5% et son PIB se contracter de 0,1%. Le déficit commercial de biens et services de l’UE avec la Chine passera de 14,1 à 75,4 milliards de dollars, tandis que le PIB mondial réduirait de 0,5%.
Nous pouvons donc nous attendre d’ici 2030 à des tensions de plus appuyées sur le commerce mondial dont les premières victimes seront les économies américaines et chinoises. Pour finir sur une note positive, les émissions mondiales de C02 baisseront de 0,2% dans cette nouvelle configuration.
[1] Il s’agit d’une classe permettant à chaque pays de bénéficier d’une égalité de traitement par ses partenaires commerciaux via notamment une mesure de non-discrimination. Les limites de cette clause permettent d’aider les pays en développement.