Le G20 s’est déroulé les 9 et 10 septembre à New Delhi. L’une des annonces importantes concerne le commerce international. En effet, le 9 septembre, un accord de corridor commercial reliant l’Inde et l’Europe via le Moyen-Orient a été signé. Quels sont les fondements de cette initiative et quelles sont ses promesses ? C’est ce que nous allons découvrir ce mois-ci.
Quels sont les acteurs de ce mégaprojet ?
Le protocole d’accord a été signé en présence de leaders de pays tels que l’Inde, la France, l’Allemagne, l’Italie ou bien encore l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. Ce projet nommé IMEC pour India-Middle East-Europe Economic Corridor vise à accroître les échanges commerciaux entre ces régions du monde.
Les piliers du projet IMEC
Bien que les contours restent à définir, nous savons que l’accord IMEC intègre plusieurs initiatives intéressantes pour le commerce international.
Nous pouvons notamment citer :
- Un corridor ferroviaire et maritime qui reliera l’Inde à l’UE ;
- Une liaison ferroviaire passant par les EAU, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et Israël ;
- Une voie maritime du Moyen-Orient jusqu’aux ports méditerranéens, dont Marseille.
Des enjeux stratégiques pour les grandes puissances
Les États-Unis et l’Europe cherchent à moins dépendre de la Chine. Face au projet des routes de la soie, le projet IMEC va tenter de faciliter l’essor de l’Inde comme un acteur majeur de la production mondiale.
De plus, en évitant de passer par le Canal de Suez, les participants au projet IMEC espèrent réduire le coût du transport de marchandises tout en accélérant le transit mondial.
La Maison-Blanche décrit le projet en ces termes : “ [l’initiative] sera composée de deux corridors distincts, le corridor est reliant l’Inde au Golfe arabe et le corridor nord reliant le Golfe arabe à l’Europe. Elle comprendra une voie ferrée qui, une fois achevée, offrira un réseau de transit fiable et économique entre les navires et les trains pour compléter les routes maritimes et routières existantes – permettant le transit de biens et de services vers, depuis et entre l’Inde, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et l’Europe. ”
De nombreux défis à relever…
Bien que la promesse est alléchante sur le papier, de nombreuses difficultés sont à relever. En effet, le bloc constitué de la Chine, de la Russie et de l’Iran va nécessairement tenter de se poser en alternative à cette initiative. D’autant que les pays du Moyen-Orient ne voient pas l’IMEC comme un outil d’opposition à la Chine. Les pays du golfe travaillent notamment avec la Russie sur un projet de corridor de transport international nord-sud (INSTC).
Ajoutons les tensions entre certains membres du projet IMEC comme l’Arabie Saoudite et Israël, même si les deux pays tentent de normaliser leurs relations.
Enfin, de nombreuses infrastructures restent à construire pour soutenir le projet. Avant de remplir ses objectifs, le projet doit donc faire face à de nombreuses contraintes.
Et de belles opportunités !
Toutefois, l’IMEC peut accroître les échanges entre différentes régions qui ne cessent d’augmenter en volume et en valeur. Ainsi, en 2022/2023, l’Inde a exporté pour 70 milliards d’euros de marchandises vers l’UE tandis que les échanges commerciaux entre l’UE et la région du golfe atteignaient près de 186 milliards de dollars en 2022.
Il est encore trop tôt pour présager de l’avenir du corridor commercial. Cependant, nous ne pouvons qu’espérer un accroissement du commerce international qui nécessite un incontournable apaisement entre les différents pays concernés. En effet, comme le déclarait Montesquieu dans De l’esprit des lois en 1748 : “ L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. ”