Made in France

Les innovations dans le transport de conteneurs

innovations transport contenair

Dans le monde de l’import-export, le transport de marchandises par voie maritime est un incontournable. En effet, près de 90% du commerce mondial s’effectue par ce biais. Pour cette raison, les entreprises et les états rivalisent d’ingéniosité pour inventer le transport et le suivi de conteneurs de demain et améliorer la gestion import export.

Les chantiers sont nombreux : écologie, rentabilité, sécurité ou bien encore fiabilité. Tous ces éléments convergent pour donner naissance à un ensemble d’innovations passionnantes et pertinentes pour le transport international du futur.

Les projets de transport durable de marchandises

En premier lieu, le premier écueil qui concentre les efforts des innovateurs est la lutte contre le réchauffement climatique. Le fret maritime est au coeur de cet effort global. Ce n’est pas étonnant, car un porte-conteneurs géant rejette autant d’émissions nocives que 32 millions de voitures.

L’une des raisons de cette pollution massive est le carburant utilisé dans les navires. Celui-ci contient 2 000 fois plus de soufre que le gasoil que l’on utilise dans les véhicules routiers. Au total, le transport maritime est responsable de 4% des rejets d’émissions de CO2 à l’échelle mondiale.

Heureusement, de nombreuses innovations dans le transport de containers se dessinent.

L’utilisation de voiles pour un trafic maritime plus vertueux

Une des solutions dans le cadre de la lutte contre la pollution atmosphérique dans le domaine maritime est l’introduction de la voile pour faire avancer les navires.

Le projet toulousain Seawing

Seawing

La start-up toulousaine Airseas a lancé le projet Seawing. L’idée est de déployer une toile à l’avant du navire. Ressemblant à celles utilisées dans le kite surf, celles-ci doivent réduire de 20% la consommation de fuel des navires de marchandises.

L’entreprise a de l’ambition, car elle vise la création de voiles jusqu’à 2000 m2. Ces dernières seront utilisées sur des navires présentant une longueur totale pouvant aller jusqu’à 400 m.

Beyond the Sea d’Yves Parlier

Le projet Beyond the Sea du navigateur Yves Parlier propose lui aussi l’usage d’une solution de ce type.

Il met pareillement les énergies renouvelables à l’honneur en usant de la puissance du vent. La voile peut ainsi être déployée selon les besoins et contrôlée via un système manuel ou automatique.

Towt (Transoceanic Wind Transport)

Towt est une société bretonne. Dès 2022, elle souhaite réaliser sa première traversée de l’Atlantique. Sa particularité ? Elle a conçu un voilier cargo, d’une longueur de 67 mètres.

Ce mode de transport sera peu polluant, car le C02 rejeté sera réduit de 90% en comparaison avec les cargos traditionnels.

De plus, cette dimension écologique ira de pair avec une efficacité indiscutable, car le volume de marchandises qu’il pourra acheminer s’élève à 1 000 tonnes !

Réinventer la forme du navire pour repenser la logistique maritime

Laissons de côté les voiles et les voiliers, pour aller du côté de la structure même du navire. Et si les voiles étaient finalement incorporées à l’architecture du bateau ?

Le navire hybride de Vindskip

C’est ce vers quoi tend le navire de classe Vindskip de l’entreprise norvégienne Lade AS.

Ce dernier est un navire hybride : il fonctionne grâce au vent et au GNL (gaz naturel liquéfié). Concrètement, l’astuce repose sur l’utilisation de ce qu’on appelle le vent apparent. Ce principe est utilisé depuis longtemps pour la conception d’avions ou de trains. Cependant, dans le domaine des transporteurs de conteneurs, c’est une innovation majeure.

Sa forme aérodynamique utilise le vent à son avantage. Ce dernier génère en effet une portance qui permet ensuite au navire d’être tiré dans la direction désirée. Lade AS nomme cette technologie Wind Power System.

L’autre particularité de Vindskip est son régulateur de vitesse. Celui-ci permet de conserver une vitesse constante, quelle que soit la situation, en associant la force aérodynamique à l’utilisation du GNL.

Enfin, un module de routage météo assure à l’équipage de sélectionner la route la plus économique ou la plus rapide. Pour ce faire, le logiciel, utilisant la pondération de données météorologiques, optimise l’angle en fonction du vent.

Des atouts environnementaux indéniables

Les conséquences de ces ajouts technologiques sont importantes, car voici les gains en termes de réduction de carburant et d’émissions nocives comparés à un navire classique :

  • Carburant : – 60%
  • SOx (oxydes de soufre) : – 100%
  • NOx (oxydes d’azote) : – 90%
  • CO2 (dioxyde de carbone) : – 80%

L’apport de ces innovations est donc sans appel et pourrait bien révolutionner notre rapport au transport maritime. D’autant que Vindskip concerne tous les navires à cargaison sèche : rouliers, méthaniers à membrane, navires mixtes, PCTC (transport de véhicules) et bien entendu porte-conteneurs.

Encore plus audacieux : les solutions autonomes et électriques

Les voiles ont l’avantage de pouvoir intégrer rapidement le marché. Cependant, il est possible qu’une des solutions à long terme à la pollution engendrée par le transport maritime international soit incarnée par les navires à propulsion électrique.

Pour l’instant, ils sont conçus pour réaliser des trajets relativement courts, mais à terme, ce seront peut-être eux qui permettront une transition vers un modèle durable.

Le Yara Birkeland

En Norvège, le groupe industriel de la Défense Kongsberg et l’entreprise d’engrais Yara international ont associé leurs efforts pour mettre au point un navire électrique et autonome.

Le projet vise à créer un navire reliant les différents ports du pays. Cette initiative permettrait de remplacer 40 000 voyages réalisés par des camions par voie terrestre.

Malheureusement, le Yara birkeland coûte 3 fois plus cher à produire qu’un cargo classique. Cependant, les coûts de fonctionnement associés seraient réduits de 90% étant donné qu’il ne nécessite pas d’intervention humaine pour fonctionner.

Port-Liner

Cette solution conçue par la société néerlandaise Port-Liner prend la forme d’un porte-conteneurs fonctionnant à 100% à l’électricité.

Ses batteries se rechargent en 4 heures via énergie solaire et éolienne. Le procédé fournit ensuite au navire une autonomie de 15 à 35h.

L’entreprise proposera à terme deux tailles de navires pour répondre aux différents besoins des affréteurs :

  • Un navire de 52 m de longueur transportant 24 conteneurs.
  • Un grand navire de 110 m et 270 conteneurs.

Bien entendu, le Port-Liner semble faire pâle figure face aux porte-conteneurs géants. Pourtant, son objectif n’est pas le même.

L’idée est de l’utiliser sur les voies navigables intérieures européennes. Sur ces dernières, ce ne sont pas moins de 7 300 bateaux qui naviguent actuellement dont plus de 5000 appartiennent aux Pays-Bas et à la Belgique. Ainsi, cette solution pourrait représenter une réelle opportunité pour réduire le CO2 sur le continent.

Les smart containers et l’IOT (Internet des objets)

La richesse des solutions aux problèmes rencontrées par le transport maritime ne se  cantonne pas aux énergies renouvelables.

En effet, les smart containers ou conteneurs intelligents sont la solution pour une supply chain contrôlée et optimisée de bout en bout.

Une solution IOT complète par Traxens

Ainsi, l’armateur CMA-CGM et la société française Traxens ont travaillé main dans la main pour mettre au point et déployer une solution IOT pour conteneurs de transport.

Cette dernière se compose d’un boîtier qui se fixe sur le conteneur. Ainsi, un ensemble d’informations stratégiques sont récoltées :

  • La position en temps réel du conteneur sur terre ou sur mer.
  • Un historique complet des ouvertures et fermetures de porte du box.
  • La variation du taux d’humidité et de la température dans le conteneur.
  • Les chocs subis et leur intensité .

Une réponse efficace aux problématiques métier

Cette solution innovante est donc idéale pour gérer plus finement ses flux logistiques et réduire ses coûts opérationnels. Les conteneurs connectés offrent ainsi une réponse pertinente pour la gestion et l’anticipation des stocks et la réduction des incidents.

Pour réussir, Traxens s’entoure des plus grands. En effet, en plus de CMA-CGM et ses 494 navires, l’entreprise a séduit le groupe MSC, qui dispose pour sa part d’une flotte non négligeable de plus de 450 bateaux. L’avenir des conteneurs sera alors très certainement digitalisé et ces derniers s’interfaceront aisément avec les autres éléments d’un transport multimodal.

Les conteneurs Connectainer : la fin des voyages à vide

L’un des écueils du conteneur maritime est son inactivité. Durant sa durée d’utilisation, un conteneur passe plus de la moitié du temps en repositionnement ou en inactivité.

C’est donc un point essentiel à optimiser pour rendre les supply chains de demain bien plus efficientes. Or, le conteneur Connectainer semble être la clé pour résoudre ce problème.

Concrètement, deux conteneurs Connectainer de 20 pieds peuvent se réunir pour former un unique conteneur de 40 pieds. Pour ce faire, une manutention d’une durée approximative de 30 minutes suffit selon Francisco Aguilar, le cofondateur de Connectainer.

Cette solution simple et bien pensée à une problématique centrale du supply chain management éviterait ainsi 12% des mouvements inutiles des conteneurs dans le cadre du transport international.

Vers l’utilisation de nouveaux matériaux

Enfin, le futur des conteneurs, c’est aussi l’usage de nouveaux matériaux lors de leur création.

C’est en tout ce que pense, Stephan Lechner, membre d’un centre de recherche européen basé à Ispra. Selon lui, l’avenir réside dans la mise au point de conteneurs en fibre de carbone.

Ce matériau présente des qualités intéressantes :

  • Il est léger.
  • Un conteneur en carbone peut être plié.
  • Leur déplacement de même que les étapes de scanning sont simplifiés.

Les conteneurs en acier datant des années 50 seront donc peut-être de l’histoire ancienne.

La technologie blockchain au service de la sécurité

Enfin, comment parler des problématiques métiers du transport de conteneurs, sans évoquer la sécurité et la traçabilité ? Sur ces questions la technologie blockchain semble être une solution parfaitement adaptée.

L’apport de la technologie aux contrôles de la supply chain

Rappelons ce qu’est la technologie Blockchain. Il s’agit d’une solution de stockage et de transmission de l’information décentralisée. La chaîne créée par les différents blocs de données est partagée et distribuée. Ceci permet alors à chacun de vérifier son intégrité et donc la véracité des informations qu’elle contient.

Le transport de conteneurs est soumis à différentes étapes de contrôle tout au long du trajet, de l’expéditeur au client final. Lors de ces vérifications (près de 30 lors d’un transport international), les conteneurs sont ouverts lors d’examens portuaires et des documents échangés. Par conséquent, toutes ces phases peuvent être source d’erreurs ou de malversations.

Or, la blockchain présente des solutions efficaces à trois problématiques liées aux contrôles et à la gestion des flux logistiques.

Une meilleure traçabilité des produits

La blockchain permet ainsi une meilleure fiabilité, car elle améliore la sécurité et la traçabilité des envois. Dans le domaine alimentaire, il est possible rapidement et simplement de remonter toute la chaîne logistique si un problème est détecté. C’est donc un enjeu de santé publique.  

La lutte contre la fraude

Cette technologie permet aussi de lutter contre la fraude à la supply chain, qui représente un coût annuel mondial non négligeable de 40 milliards de dollars. La transparence du dispositif est idéale, car il est impossible de modifier unilatéralement les données.

L’optimisation de la chaîne logistique

Enfin, faire usage de la blockchain, c’est mettre un outil puissant à disposition de votre entreprise. En effet, la gestion des flux est améliorée par l’automatisation de certains procédés rendus possibles par cette innovation utilisée conjointement avec des capteurs et objets connectés.

Un monde en constante évolution

Comme nous avons pu le voir, le monde de la logistique est loin d’être figé. Au contraire, les outils et technologies innovantes se multiplient. Ce sont autant de solutions efficaces et étonnantes aux problèmes rencontrées aujourd’hui par le transport maritime.

Ces inventions et améliorations nous laissent envisager dans un avenir proche un ensemble d’opportunités pour le secteur telles que la mise en place de navires non polluants et autonomes, une réduction des coûts de transport, une meilleure gestion de la chaîne d’approvisionnement ainsi qu’une sécurité et une traçabilité améliorée.

Tous ces éléments sont passionnants et démontrent le dynamisme du secteur logistique a fortiori maritime et son importance dans le monde économique de demain.